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Certains ne conçoivent pas un roman sans dialogues (j’en fais partie !), d’autres préfèrent laisser davantage de places aux descriptions. En tout état de cause, pour être efficace, un bon dialogue doit être bien écrit. Sa rédaction répond à des codes bien précis qu’il convient d’appliquer pour être bien lu, et compris.

Comme pour l’orthographe, il y a deux écoles du dialogue dans un roman (pour une pièce de théâtre, voir ce site qui explique tout super bien !) :

  • La première, traditionnelle, permet une plus grande diversité d’usage, une meilleure flexibilité, mais est parfois lourde dans sa présentation.

  • La seconde, moins codée, plus moderne et plus simple, est à privilégier pour les dialogues courts sans longue tirade ni retour à la ligne, car difficile à mettre en place dans ce cas.

 

Quoi qu’il en soit, la règle d’or reste l’unité. Si vous optez pour l’une ou l’autre méthode, il faudra la conserver pour l’ensemble de votre texte.

 

Voyons maintenant comment procéder.

Méthode traditionnelle

Signes typographiques spécifiques au dialogue

 

  1. On commence un dialogue par un guillemet français ouvrant, toujours suivi d’une espace fine (ou insécable).

  2. On change d'interlocuteur avec un retour à la ligne et un tiret cadratin, toujours suivi d’une espace fine (ou insécable).

  3. On clôture un dialogue par un guillemet français fermant, toujours précédé d’une espace fine (ou insécable).

 

Les incises

Elles servent à indiquer qui parle, sur quel ton et avec quels gestes. Elles enrichissent le dialogue, le rythment et en rendent la lecture plus agréable.

Les incises peuvent être placées soit en fin de phrase du dialogue (avec une virgule séparative), soit au milieu de la phrase (encadrées par des virgules). Comme ceci :

« Il est indispensable d’ajouter des incises à votre dialogue pour que l’on comprenne bien qui parle, professe Angie.

— Ah ! répond l’auteur dubitatif en se grattant le menton. Je pense que je commence à comprendre. »

Vous remarquerez que les incises débutent toujours par une minuscule, même après un point d’interrogation ou d’exclamation.

!! Certains correcteurs orthographiques réclament la majuscule à tort !!

Les incises font partie du dialogue, elles doivent donc être incluses dans les guillemets, sauf s’il s’agit de la dernière réplique.

 

Les retours à la ligne pour un même interlocuteur

Je vais vous décevoir, vous qui cherchez un avis clair et tranché : il n’y a pas de règles précises et/ou uniques. L’essentiel étant toujours la constance dans un même écrit.

Lorsqu’un personnage se lance dans une longue tirade, voire un monologue, il peut être intéressant d’aérer le texte par des retours à la ligne. Dans ce cas, pour marquer qu’il s’agit toujours du dialogue, on peut opter en début de ligne pour un nouveau guillemet ouvrant « (méthode moderne) ou un guillemet fermant » (méthode traditionnelle). Exemple :

« C'est vrai que je ne suis pas n'importe qui. J'ai un quotient intellectuel de 130. Cela signifie que j'ai un niveau d'intelligence exceptionnel. C'est important, l'intelligence. L'intelligence, c'est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur. L'intelligence, c'est comme les parachutes. Quand on n'en a pas, on s'écrase.

« 130, vous rendez-vous compte ? Je m'en suis aperçu en passant un test professionnel. Je voulais quitter ce glorieux métier de la scène pour lequel je suis si peu doué, et devenir cadre à la SNCF. Cesser de lutter pour les feux de la rampe et céder enfin à l'appel du rail. Ne plus mépriser cette voie qui me poussait au train.

« À quoi bon, me disais-je, faire un bras d'honneur aux chemins de fer, quand on perd son bras de fer sur les chemins de l'honneur ? »

Extrait de C’est vrai que je ne suis pas n’importe qui, Pierre Desproges.

 

Les pensées

Lorsqu’un personnage ne s’exprime pas à haute voix, mais que l’on veut écrire ses pensées, il convient alors d’utiliser l’italique.

 

Les citations

Elles sont à encadrer de guillemets. Pour les différencier de ceux du dialogue, il est possible d’utiliser les guillemets anglais (“…”) qui s’emploient collés au texte, sans espace, donc.

« Quelle est ta citation préférée ?

— Voltaire écrivait "L'art de la citation est l'art de ceux qui ne savent pas réfléchir par eux-mêmes". »

 

Méthode moderne

 

Tout ce qui a été dit précédemment reste valable, sinon que l’on supprime les guillemets ouvrants en début de dialogue et fermants en fin de dialogue.

— Voilà dit Grévigne. Je voudrais que tu surveilles ma femme.

— Diable !… Elle te trompe ?

— Non.

— Alors ?

— Ce n’est pas facile à expliquer. Elle est drôle… Elle m’inquiète.

— Qu’est-ce que tu crains au juste ?

 

Grévigne hésitait.

 

Extrait de D’entre les morts ou Sueurs froides, Boileau-Narcejac

Petit extrait de Proust qui prouve que tout ce que vous venez de lire est utile, mais contournable…

« Ils vous ont perdu, dit-il en lisant sur la figure de Jean sa perplexité. Jamais un poète (il prononçait pô-hett) n’a aimé dans toute la littérature que les vers plastiques. — Alors, j’ai tort d’aimer Racine ? demanda anxieusement Jean. — Racine est un assez vilaincoco, dit monsieur Rustinlor en fronçant ses sourcils olympiens, et d’ailleurs on a toujours tort d’essayer d’aimer : on aime ou on n’aime pas […]. »

Extrait de Jean de Santeuil, Marcel Proust

 

Sources :

  • Orthotypo & co, Annick Valade, éditions Cornées Laliat, 2013

  • Le Ramat de la typographie, Aurel Ramat et Romain Muller, éditions De Champlain, 2009

  • Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, Collectif, Imprimerie Nationale, 2002

  • http://www.la-ponctuation.com/

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